Jacqueline LABARTHE

A l’horizon tout bascule ?
non,
mais à nos pieds
en chaque étoile de notre regard,
là où advient l’inattendu
où bascule la certitude,
absolu du jamais vu
plaisir qui suspend le regard
et précipite les battements du cœur.

J’ai d’abord vu la mer comme linge plissé, glisser vers
la béance d’où le plaisir
surgit,
d’abord cela
en son instant poétique.

Assomption de l’étrange
qui laisse le monde intranquille.

Car il est un monde aux volumes inversés
monde plein,
monde creux
que l’artifice renvoie à sa présence,
vivant,
frémissant.

Il fallait ces dimensions
un vrai grand angle
qui engloutit les perceptions familières
de nos limites,
il fallait le rappel d’un doute,
où se creuse l’insignifiance
des points de vue.

Et si l’on était dedans, au lieu de se penser
dehors,
en dedans de la fêlure du monde,
à la faille de l’être,
là où s’échangent les secrets
des formes disloquées
aux volumes certifiés,
là où le pressentiment de l’abîme
rend le vide impossible ?

Je n’ai pas voulu savoir comment
tout ça était fait,
car ce qu’il m’était donné de voir
sous mes yeux défaits
vivait de soi,
comme on dit, mais oui,
ça va de soi !

Alors vers le jardin j’ai tourné le regard,
il n’y avait plus rien,

sous mes pieds.

Jacqueline LABARTHE,
poète.